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En cette période difficile, les membres des Z’Homnivores ont souhaité prendre la parole en public pour :

• souligner l’exceptionnel travail des acteurs de la chaîne alimentaire française.
• appeler les consommateurs à ne pas oublier de soutenir, une fois la crise passée, ceux qui les nourrissent aujourd’hui.

Découvrez ci-dessous notre tribune publiée dans le journal Ouest-France (édition du mercredi 8 avril).

Un système alimentaire robuste et résilient

Au cœur de la crise, les citoyens disent merci aux agriculteurs, aux salariés de l’alimentaire, du commerce artisanal et de la grande distribution. De la maraîchère au boucher, chacun mesure à quel point les filières alimentaires françaises sont mobilisées pour garantir l’accès quasi normal à une alimentation de qualité pour tous. Nos filières assurent leur mission, hier dans l’ombre, aujourd’hui au grand jour. C’est une chance. C’est la preuve d’un système alimentaire robuste et résilient.

Cette capacité à produire sous tension n’est en rien le fruit du hasard. Pour exemple, la Bretagne nourrit aujourd’hui l’équivalent d’un Français sur trois. Elle a construit un secteur alimentaire solide porté par des hommes et des femmes, par des entreprises compétentes, responsables et solidaires. Il serait préjudiciable qu’à l’avenir cette capacité soit remise en cause.

D’une logique de confort alimentaire, les consommateurs ont basculé dans la simple exigence de manger.

Face à la vague de reconnaissance qui célèbre les acteurs de l’alimentation, le dénigrement agricole et alimentaire s’est fait plus discret. Les « antis » ont compris que l’indécence a des limites que la situation n’autorise plus. N’en déplaise à leurs injonctions idéologiques (écologisme radical, antispécisme…), l’agricultrice et le salarié d’abattoir qu’ils désignaient hier comme “empoisonneurs” et “meurtriers” sont aujourd’hui portés aux nues.

Ces nouveaux héros ne ménagent pas leur peine. Quels que soient les modes de production mis en œuvre pour répondre à la diversité des attentes des consommateurs – conventionnel, bio ou labels – ils parient sur la qualité et persévèrent dans l’amélioration de leurs pratiques pour produire une alimentation qui soit bonne, saine, sûre, et qui rémunère décemment ceux qui la produisent.

Autosuffisance alimentaire, prix maitrisés, garanties sanitaires, meilleure prise en compte de l’environnement et du bien-être animal, amélioration de la santé et de l’espérance de vie… Depuis des générations, ceux qui produisent l’alimentation accompagnent les évolutions de la société et ses attentes.

Ce qui a changé n’est pas tant la permanence des progrès agricoles que l’explosion démographique, dans un monde qui prend conscience des limites de ses ressources naturelles et de son impact sur le climat. Nous devons produire plus avec moins. Et nous voulons tous la même chose : avoir accès à une alimentation de qualité dans le respect de la santé des hommes, des animaux et de la planète.

Même circonstancielle, cette gratitude des Français attendue depuis longtemps, fait du bien à tous les acteurs du secteur alimentaire. Mais leur crainte est qu’elle s’arrête le jour-même où cette crise prendra fin. Il y a fort à parier que les contempteurs de la production agricole et alimentaire ne reprennent leur travail de sape sitôt la fin du confinement.
Dès lors comment préparer ce jour d’après crise ? Comment faire en sorte que la reconnaissance du ventre exprimée ces dernières semaines se transforme en reconnaissance durable ?

Bâtissons sur ce que nous partageons : bien nourrir pour bien manger.

Rétablissons le dialogue, vite ! Les Françaises et les Français prennent soin de choisir les aliments qu’ils mettent dans leurs assiettes, mais peinent à comprendre comment ils sont élaborés. Il y a là un vide à combler d’urgence. C’est aux acteurs de l’agriculture, de l’alimentaire et de la distribution d’expliquer leurs métiers. Pour cela, chaque année en Bretagne, nous ouvrons les portes des fermes et des entreprises alimentaires pour que chacun puisse venir voir, goûter, et surtout poser ses questions. En trois ans, plus de 100 000 personnes se sont déplacées pour nourrir leur curiosité.

Une fois la crise passée, souvenez-vous que manger français c’est soutenir ceux qui vous nourrissent. Nous, agriculteurs, pêcheurs, salariés des entreprises agroalimentaires, distributeurs, commerçants et artisans de la filière alimentaire sommes au travail. Nous souhaitons que vous vous engagiez à nos côtés, en découvrant, en comprenant et en respectant nos métiers.

Soutenons tous ensemble l’alimentation française et ceux qui la font chaque jour.

Danielle EVEN, Présidente d’Agriculteurs de Bretagne

Yves FANTOU, Président d’Interbev Bretagne

Loïc HENAFF, Président de Produit en Bretagne

Annie SAULNIER, Préseidente de l’ABEA

Michel BLOC’H, Président de l’UGPVB